Avec toi j’entre dans le langage...

Avec toi j'entre dans le langage comme dans une maison. Je compose un cheval de lettres, un enfant sur la terre. Comme si je courais tous les dangers : cueillir une fleur dans l'incompréhensible, aimer le mot plus que moi-même. Noirceur du manque, anciennes tempêtes, nouveaux désirs : reconnaître l'amour qui a manqué, celui qui a duré. Traquer des souvenirs heureux sous l'épaisseur des ombres : les soupes de sorcière et de feuilles mortes, les réserves de bonbons d'halloween au fond du placard, les costumes de fraise et de pirates, toutes les glissades, tous les possibles. Certes il y a eu le mensonge, les dents blanches, les abeilles sous la langue, mais je palpe, sous les mains tachées de temps, un peu de gaieté, un feu presque éteint.

 

J'ai besoin de mes souvenirs et de ma mère.

Référence bibliographique

Ouanessa Younsi et Louise Dupré, Nous ne sommes pas des fées, Mémoire d'encrier, 2022, p. 45.

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